GUENDUN CHOEKYI NYIMA - 11ème Panchen Lama - Le plus jeune prisonnier politique du monde
d'après le rapport du TCHRD (Centre Tibétain pour les Droits de l'Homme et la Démocratie)

Historique du Panchen Lama

L’histoire du Panchen Lama n’est pas nouvelle. La lignée peut être remontée jusqu’au 14ème siècle, cependant le problème lié au Panchen Lama n’a attiré l’attention générale que récemment. Jusqu’à maintenant, la sélection de chaque réincarnation ne concernait que le peuple tibétain et impliquait des rituels religieux traditionnels. L’extraordinaire connexion qui existait entre le Dalaï Lama et le Panchen Lama était fondamentale pour le processus de sélection.

La relation maître-disciple déterminait leurs relations quotidiennes et nécessitait l’implication de chacun dans le processus de réincarnation de l’autre.

Le titre de ”Panchen”, signifiant ”le grand érudit”, est dérivé de la combinaison du mot sanskrit ”Pandita” signifiant érudit et du mot tibétain ”Chenpo” signifiant grand. Il existait une association limitée entre la Chine et l’histoire du Panchen Lama car le titre d’Erdini fut donné par le gouvernement Central de la Dynastie des Qing au cinquième Panchen Lama, Lobsang Yeshi. De la même manière, certains lamas tibétains conférèrent de nombreux titres aux dirigeants de la Chine et des autres nations voisines. Cette tradition d’échange de titres sous la forme d’un certificat ou d’un sceau était répandue en Asie Centrale à cette époque et ne signifiait aucun contrôle sur l’autorité de l’autre. Le titre d”Erdini” (en fait un mot mongol signifiant ”joyau précieux”) était aussi partagé par beaucoup d’autres lamas mongols.

Selon les traditions bouddhistes tibétaines, le comité de recherche clérical est guidé par des songes. des présages, des oracles et des visions prophétiques aident à retrouver l’enfant dans lequel la conscience du défunt a repris naissance. Le système de tirage au sort n’est qu’une part de la procédure entreprise pour sélectionner les lamas réincarnés dans la tradition tibétaine ancienne et on n’y a recours que lorsque tous les candidats sont également prometteurs et donc rendent difficile une conclusion définitive.

La méthode tibétaine nécessite l’inscription des noms des candidats sur des boules de pâte qu’on fait tourner dans un récipient jusqu’à ce qu’une jaillisse. En 1792, l’empereur mandchou proposa l’usage d’une urne en or pour la sélection des réincarnations des lamas les plus importants. L’urne fut présentée au Tibet avec le commentaire ”Que les tibétains décident eux-mêmes ce qui leur est le plus favorable et ce qui ne l’est pas et qu’ils fassent leur propre choix.”

Les tibétains continuèrent à adhérer à leurs propres usages traditionnels et n’utilisèrent que rarement l’urne. Lors de la première occasion où l’urne semble avoir été utilisée, la sélection du 9ème Dalaï Lama en 1808, on n’en fit que peu de cas et des six Dalaï Lamas sélectionnés depuis, l’urne n’a été utilisée que pour confirmer trois d’entre eux. L’urne n’a pas été utilisée pour sélectionner l’actuel 14ème Dalaï Lama.


Le 10ème Panchen Lama


Tout au cours de sa vie, le 10ème Panchen Lama fut constamment déchiré entre ses sentiments pour ses compatriotes tibétains et l’immense pression faite par la Chine. Quand, en 1962, le Panchen Lama soumit à Mao Tsetoung une requête de 70 000 mots critiquant la politique du gouvernement chinois, les autorités chinoises réalisèrent que leur coercition avait échoué.

Le Panchen Lama devint immédiatement la victime d’une campagne malveillante qui conduisit à son arrestation, à son ”thamzing” (une séance d’accusation et d’humiliation publique) et à son incarcération jusqu’en octobre 1977 dans la prison Qin Cheng à Pékin. Wei Jingsheng, le plus célèbre dissident chinois, a donné un compte rendu des conditions détestables régnant dans la prison qui, à l’époque, conduisirent le Panchen Lama à une tentative de suicide en refusant toute nourriture. Pendant toutes les années durant lesquelles il fut emprisonné, on n’eut aucune information sur ses conditions de vie, ni sur l’endroit où il se trouvait. Au Tibet, personne ne savait s’il était mort ou vivant jusqu’au 26 février 1978, lorsque la Nouvelle Agence d’Information Chinoise signala son apparition au cinquième Congrès National de l’Assemblée Consultative Chinoise (CPCC) à Pékin.

En 1980, le 10ème Panchen fut rétabli dans ses fonctions de Vice-Président du Congrès National du Peuple. A plusieurs occasions par la suite, il exprima son désir de retourner parmi son peuple et sa patrie devant des foules de tibétains. En parlant à un rassemblement durant les fêtes du Monlam à Lhassa en 1985, le Panchen Lama dit : ”Sa Sainteté le Dalaï Lama et moi sommes des amis spirituels. Il n’y a aucune différence entre sa Sainteté le Dalaï Lama et moi. Des gens essayent de créer une discorde entre nous. Cela ne réussira pas.”

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